Trouve-t-on dans l’abandon et l’errance une forme de grâce, celle d’un usage suspendu, du temps rendu disponible dans sa densité. Son histoire que l’on ne peut transiger sans corrompre l’essence qu’elles condensent.
Trouve-t-on, dans les liens coutumiers, les usages même productifs et la versatilité d’un véritable quartier, la forme la plus exquise de résistance à l’administration, à la gestion urbaine.
Le quartier Centre-Sud montre l’histoire d’une intervention d’État, disciplinaire, sur le tissu d’un quartier populaire. Ce cassage d’une large partie du quartier, afin d’en rendre prévisibles les liens, les rapports de production, de reproduction, les processus d’expérimentation sociale résistants et vifs est nettement perceptible. Il coiffe toujours, on le voit, l’horizon du quartier.
Heureusement, beaucoup résista à l’entreprise visant à faire du centre-ville un vaste camp logistique, balistique, voué à la mobilité totale, paramilitaire.
La valorisation de la petite échelle, jointe à la persistance du paysage croche et à la dévastation par la motorisation et ses infrastructures montrent les limites d’une intervention autoritaire enforçant le capitalisme. Elles montrent aussi la nature brutale d’un urbanisme obligeant la mobilité pour corrompre les liens, les coutumes et la solidarité.
Quartier civil dans la densité de ses moeurs, dans sa permissivité et son errance dressée, le Centre-Sud m’enseigne la tolérance, la dignité, le semblable et la capacité d’agir.
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Quartier croche 